LE GRAIN DE SEL DE CHRISTINE SOURGINS

Le Canard du pianiste relaie régulièrement le blogue de Christine Sourgins qui nous propose un propos exempt de toute idéologie.

Pas de conservatisme frileux ni de modernisme béat, mais un éclairage toujours inattendu et pertinent rendu possible par un sens des réalités économiques (qui libère la pensée de l’abstraction idéologique) et une érudition dans les Arts plastiques, au service des artistes libres dont Christine Sourgins est une alliée bienveillante.

mardi  27 octobre 2015 :

Derrière les chiffres, le désastre des politiques culturelles françaises

 A l’approche de la Fiac, Artprice avait publié son rapport annuel qui souligne que l’art contemporain s’est imposé comme la locomotive du marché de l’art, avec un produit de ventes global de 7,6 Mrd et 1 800 % de croissance ces 15 dernières années : pendant celles-ci, il s’est  construit plus de musées dans le monde que tout au long des XIX ème et XX ème siècles réunis. Plus de 700 nouveaux musées par an, alimentés pour partie par les 49000 artistes contemporains recensés aux enchères. Or 68 % des recettes globales de l’art contemporain reposent sur 100 artistes, 35 % sur 10 artistes et trois (Jean-Michel Basquiat, Christopher Wool et Jeff Koons) totalisent même 18%, soit 320,5 m$, (presque 10 fois le résultat d’une année de ventes d’art contemporain en France, 35,6 m$). C’est dire si le marché est concentré ! La Chine vient de ralentir au profit des USA qui reprennent la première place, loin derrière on trouve Allemands (10,8 % du marché) et Britanniques (10,7%), au fond du classement : Italiens (2,6 %), Japonais (2 %), Indiens (1,5 %), Suisses (0,9 %), Brésiliens… à égalité avec les Français (0,8 %).

Artprice n’hésite pas à écrire que « la France peine cruellement à faire exister ses artistes dans l’univers hyper-compétitif du marché » ou que « l’offre manque de panache en France », ce qui n’est pas près de s’arranger avec la Fiac (173 galeries, dont 42 françaises) qui n’a cure de présenter aux visiteurs étrangers « le vivier français » (1). Même un Daniel Templon, pilier de la Fiac depuis 40 ans, se plaint de la direction impulsée par une Jennifer Flay qui préfère « dérouler le tapis rouge aux poids lourds internationaux » : « si nous avons si peu de crédit hors de nos frontières, cela résulte du mauvais sort qu’on nous réserve chez nous »dit-il. Le problème ne date pas d’aujourd’hui mais il s’accroît tellement que ceux qui se croyaient à l’abri sont touchés. Des galeristes parisiens ulcérés par les positions privilégiées octroyées aux galeristes étrangers, tentent de faire scission… mais le mal est fait : « n’achète pas un artiste français s’il n’est pas acheté par les américains » conseille un grand patron de la mode… Lire la suite

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