Pour nos amis américains, l’assassinat de leur président John Kennedy, il y a cinquante ans, est un drame comparable à celui du procès de Jeanne d’Arc chez les Français.
Quoique l’on pense du mandat du président John Kennedy il est indéniable que sa popularité explique un traumatisme que le temps n’a pas effacé, parce que c’est le peuple qui a été blessé dans son identification à cet homme qu’il a avait adopté comme son incarnation, élection de 1960 truquée ou non, c’est ainsi.
La ville de Boston capitale de l’état du Massachusets dont John Kennedy avait été sénateur, porte sa marque comme elle porte aussi celle du Faneuil hall où se réunit la dissidence indépendantiste à la création des Etats-unis.
William Shisler était libraire conservateur au Symphony Hall pour l’Orchestre symphonique de Boston.
Le 22 novembre 1963, l’ensemble musical s’apprêtait à jouer une suite orchestrale de Rimsky-Korsakov.
Le chef d’orchestre Erich Leinsdorf apprend la nouvelle de l’assassinat du Président, et change de programme : il demande à Mr Shisler de distribuer la partition de La marche funèbre de Beethoven aux musiciens.
Et voici la traduction de l’annonce qu’il fait au public :
« Mesdames et messieurs, nous venons d’avoir des nouvelles de la presse. Nous espérons que cela ne soit pas confirmé, bien que cela soit peu probable. Le président des Etats-Unis a été victime d’un assassinat…(cris de stupéfaction puis « chuts » dans l’auditoire)… Nous allons jouer la Marche funèbre de la Troisième symphonie de Beethoven)… » (râles de désapprobation puis nouveaux »chuts » et silence de mort)
Les spectateurs sont estomaqués. Certains ont quitté la salle,
Ceux qui vont rester vont entendre une performance « d’une richesse émotive insurpassable » nous dit le cousin Daniel Girard du journal de Montréal.
Et voici le document sonore :
Si vous êtes assez accrochés pour l’écouter vous risquez de ressentir une empathie exceptionnelle pour cet homme que vous n’avez pas connu.
et dont beaucoup d’entre nous ne sont ni contemporains ni compatriotes, et à travers lui pour son peuple.
C’est en fait tout le talent de ce chef, Erich Leinsdorf, des musiciens de Boston, et la force de la musique de Beethoven.
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